Le CES (Consumer Electronics Show) a fermé ses portes le 11 janvier dernier.  Ce salon de référence en matière de nouvelles technologies réunit chaque année à Las Vegas des milliers d’exposants venus de tous les pays présenter les innovations qui dessineront le monde de demain. L’édition 2019 de cette grande messe de la technologie est l’occasion pour les observateurs du secteur touristique de faire le tour des grandes tendances du marché et de ses perspectives d’évolution.

Vers plus de convergence technologique.

Avec le développement technologique, les accessoires qui accompagnent nos vies au quotidien sont de plus en plus utilisables simultanément, sur un même support, dans des contextes différents. La start-up lyonnaise Mile Positionnig Solutions a présenté par exemple une application capable de combiner tourisme et sport. Concrètement, les adeptes de la course à pied géolocalisables dans plus de 150 villes à travers le monde, peuvent télécharger sur leurs smartphones l’application  Runnin’City destinée à les guider à l’aide d’un GPS vocal à travers 550 parcours de running touristiques. L’objectif : (étant de) permettre aux coureurs de découvrir des lieux touristiques sur leur itinéraire de trail.

©Mile Positionning Solutions

La start-up marseillaise OnTracks a pris le soin de réinventer l’usage des montres en créant des bracelets connectés nouvelle génération, des accessoires qui, en plus de remplir leur fonction première de mesure du temps, permettent désormais aux pratiquants d’activités outdoor (running, VTT, rando…) de suivre, via le guidage intuitif, un parcours sans devoir interrompre leur progression pour regarder une carte ou un GPS. Un geste qui auparavant pouvait également les exposer aux obstacles des chemins ou de la route. Ces nouvelles montres connectées émettent des vibrations en fonction de la trajectoire à emprunter pour suivre le tracé préalablement sélectionné sur une application dédiée. 

La mobilité touristique, l’enjeu majeur du XXIème siècle.

2019 marquera le 10ème anniversaire de la « déclaration sur la  facilitation des déplacements des touristes » adoptée par l’OMT lors de son assemblée générale à Madrid en 2009. Une année qui coïncide également avec le démarrage et la poursuite de plusieurs chantiers qui transformeront la mobilité urbaine notamment dans les grandes métropoles qui souffrent de congestion du trafic routier.

Le progrès technologique permet également d’avoir accès à un même service en ligne sur différents supports.  L’entreprise Foxtripper a présenté lors du salon, son prototype City Pad, une interface interactive qui illustre bien cela. Disponible sur les écrans arrière des sièges d’avions, elle permet aux voyageurs qui manquent de temps d’organiser leurs voyages… en vol à 40 000 pieds en obtenant de meilleurs prix mais aussi de découvrir les monuments touristiques des villes situées sur le trajet de l’avion.

©FoxTripper

La mobilité touristique, l’enjeu majeur du XXIème siècle.

Le projet des voitures volantes, aussi lointain qu’il nous paraisse, commence pourtant à prendre forme et les visiteurs du CES ont pu assister à la présentation en avant-première d’un taxi volant conçu par le fabricant américain d’hélicoptères BELL. Doté de 6 hélices et d’une capacité de 5 places, ce nouveau modèle baptisé Nexus entrera en service courant 2023. Le constructeur a d’ores et déjà signé un partenariat avec Uber, le géant du transport urbain en ligne via la géolocalisation, portant sur son exploitation commerciale.

La domestication, une étape nécessaire dans le processus d’adoption de ces nouvelles technologies

Face aux nouveaux défis de l’hyperconnection, il convient de s’interroger sur la place que vont occuper ces nouvelles technologies dans nos modes de vie et dans nos foyers. Roger Silverstone, spécialiste des études sur les médias et professeur à la London School of economics décrit la technologie comme « sauvage ». Il reviendrait à son utilisateur de la domestiquer. En effet, celle-ci doit s’adapter au cadre familial au même titre que les individus doivent s’adapter à elle et l’accueillir selon un processus de domestication qui consiste à lui désigner une place notamment dans la maison et l’utiliser selon des règles précises, par exemple éteindre son smartphone lors des repas… Des expériences passées ont également montré qu’un design d’objet mal pensé peut nuire au processus d’adoption d’une nouvelle technologie (formes ou volumes inadaptés…)

Il en va de même avec, par exemple, le passage des formats de cartes touristiques du papier aux cartes interactives accessibles depuis les smartphones ou encore l’équipement des musées en tablettes électroniques ou de systèmes de réalité augmentée, de nouveaux outils qu’il convient de s’approprier en leur laissant un champ d’application adapté à chaque utilisateur… (tentez l’expérience immersive Entrezdanslatelier.fr, pour découvrir les secrets de « L’Atelier du peintre » de Gustave Courbet – Musée d’Orsay)

©Musée d’Orsay

Les intrusions dans la vie privée, le revers de la médaille ?

Avec la multiplication des objets connectés, se pose la question de la protection des données privées. Les enceintes connectées, outils de plus en plus intégrés dans les pratiques précédant l’activité touristique comme la prise d’information quant à la météo et les horaires de trains et d’avions, défrayent la chronique. Pour cause, en premier lieu, la neutralité du net qui se trouve menacée puisque le marché des assistants vocaux est aux mains des géants de la Sillicon Valley comme le montrent les chiffres de ventes qui font état d’un podium partagé par les principales enceintes connectées commercialisées par les GAFA ( Google, Apple, Facebook, Amazon) comme Google Home, Alexa ou encore Siri. De plus, le monde des objets connectés se heurte à celui du piratage de données (hacking) et donne lieu à des infiltrations qui entravent l’intimité des utilisateurs.

Les évolutions technologiques enrichissent donc les offres touristiques en permettant aux utilisateurs de bénéficier d’une plus grande mobilité et d’un gain de temps considérable pour composer le programme de leur voyage et ainsi compenser certaines lenteurs administratives de voyage (demandes de visas par exemple). L’enjeu est donc de pouvoir intégrer, s’approprier, voire « domestiquer » les transformations digitales pour un meilleur pilotage des stratégies à venir dans l’écosystème du marché touristique, tout en requalifiant les savoir-faire des professionnels de ce secteur afin de mieux préserver les emplois.

©Enki Bilal (Le Sommeil du monstre)

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